À la découverte de la Citroën Méhari

56 ans se sont écoulés depuis une série d’événements qui ont profondément marqué la jeunesse et l’Europe de la seconde moitié du 20e siècle : le « Mai 68 » français. Dans un contexte de grave crise économique, de chômage, de désenchantement des jeunes à l’égard de leurs gouvernants et d’opposition aux guerres qui secouaient la moitié du monde, divers mouvements étudiants sont apparus à Paris pour protester ouvertement contre l’ordre établi, qui ont été progressivement rejoints par des travailleurs, des syndicats et même des partis politiques pour former la plus grande révolte puis la plus grande grève générale de l’histoire de France, et qui ont abouti à la convocation de nouvelles élections par le général de Gaulle, qui les a perdues…

…et c’est précisément dans cette atmosphère convulsive qu’est lancée la Citroën Méhari, un véhicule unique dont la première apparition publique a lieu le 16 mai 1968 au golf de Deauville. D’abord connue sous le nom de Dyane 6 Méhari avant d’adopter le nom sous lequel elle sera connue dans le monde entier. Le nom choisi fait référence aux dromadaires qui peuplaient l’Afrique du Nord et le désert du Sahara et, comme eux, il se caractérise par sa simplicité, son endurance et sa capacité à transporter des passagers ou des marchandises presque partout.

Citroën Méhari

Elle a été conçue sur la base fiable de la Citroën 2CV, en poussant à l’extrême le concept de simplicité et de polyvalence, valable aussi bien pour le travail que pour le plaisir. L’élément le plus caractéristique de ce modèle n’est autre que sa carrosserie. Au lieu d’utiliser de la tôle d’acier, elle a été réalisée en résine plastique moulable, dont la composition incluait déjà les couleurs vives avec lesquelles elle serait facilement reconnaissable sur le site web. Une autre particularité de la carrosserie est l’absence de toit et de portes, remplacés par un capot en toile imperméable et des vitres en plastique transparent. Même le pare-brise avant était entièrement rétractable, ce qui lui donnait un aspect unique, ressemblant presque à une tente en mouvement. À l’arrière, un petit hayon permettait d’accéder facilement à cette partie du véhicule. Tout cela a contribué à un poids final de seulement 570 kg.

À première vue, il semblait conçu pour les climats doux, typiques de la région d’où il tire son nom, mais en réalité, il a été utilisé dans tous les types d’environnements et de conditions, car même si son capot n’offrait pas une isolation notable, il suffisait de le protéger contre les éléments.

La simplicité de l’extérieur s’étendait également à l’intérieur, où il n’y avait pas d’éléments superflus, à l’exception des commandes essentielles, au point qu’il n’avait que deux sièges et un espace de chargement considérable. C’était un grand avantage pour le nettoyage et l’entretien, car il pouvait être lavé entièrement avec un tuyau d’arrosage sans que rien ne soit endommagé à l’intérieur.

Le moteur est l’héritier direct de celui de la 2CV, le fameux bicylindre à essence de 602 centimètres cubes qui délivre une modeste puissance de 29 ch à 5 750 tr/min et un couple maximal de 39 Nm à 3 500 tr/min, ce qui suffit à mouvoir l’ensemble léger et lui permet même d’atteindre une vitesse de pointe de près de 120 km/h, malgré une aérodynamique médiocre. Mais la performance pure n’est pas sa raison d’être.

L’un de ses points forts était sa capacité à aller presque partout, grâce notamment à son faible poids et à son système unique de suspension à roues indépendantes, qui offrait d’excellentes performances sur les terrains très cahoteux ou accidentés. Cette capacité presque tout-terrain est poussée à son paroxysme avec la Méhari 4×4, lancée en 1959, un véhicule que l’on pourrait presque qualifier de pionnier dans ce domaine, bien qu’il y ait déjà eu un précédent au sein même de la marque en 1958, avec le développement d’une Citroën 2CV équipée de deux moteurs (un à l’avant et un à l’arrière, d’où sa capacité 4×4) destinée spécifiquement aux puits de pétrole d’Afrique du Nord.

Cette version 4×4 disposait même d’un réducteur et d’un dispositif permettant de bloquer le différentiel arrière, ce qui, associé à une garde au sol importante (18 cm), lui conférait une grande motricité sur les terrains les plus accidentés, comme en témoignent les photos et vidéos accompagnant cet article, lui permettant de franchir des pentes allant jusqu’à 60 %.

La Méhari n’a pas seulement été utilisée par les jeunes hippies comme véhicule pour leurs folles aventures (comme la Volkswagen T1 ou la Coccinelle) mais, en raison de sa polyvalence, elle a également été utilisée par les forces de sécurité (la Gendarmerie et l’armée française) ou dans de grandes aventures, et même dans des compétitions sportives telles que le Raid Liège-Dakar-Liège en 1969, le Raid Paris-Kaboul-Paris en 1970 et le Raid Paris-Persepolis-Paris en 1971. Il a également joué un rôle important dans plusieurs productions cinématographiques comme « Le Gendarme de Saint-Tropez ».

Au total, on estime qu’il a été produit à environ 150 000 exemplaires en moins de 20 ans de vie (entre 1968 et 1987).